EN CHANTANT DERRIERE LES PARAVENTS d’Ermanno Olmi

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EN CHANTANT DERRIERE LES PARAVENTS

d’Ermanno Olmi





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- Sur une scène de théâtre, un vieux capitaine conte une histoire de la piraterie chinoise au dix-neuvième siècle, et plus précisément celle de la Veuve Ching, célèbre femme pirate qui défiait la marine impériale. Le vieux loup de mer aurait lui-même vécu l’aventure puisqu’on le retrouve, au moyen d’un flash-back fictif, à bord du navire commandé par la jeune « piratesse »... Curieux film, très cinématographique dans le fond mais très littéraire dans la forme. Il y a d’abord l’intervention, dans l’atmosphère enfumée d’un cabaret, de ce narrateur omniscient (l’ami Bud Spencer, dont la présence massive ne cesse de surprendre) qui fabule plus ou moins en contant les exploits d’une jolie corsaire en mer de Chine deux siècles auparavant, et affabule probablement lorsqu’il se met en scène aux côtés de l’héroïne. L’œuvre navigue alors entre deux espaces diégétiques : un espace théâtral et un espace davantage cinématographique (la mer où se déroule la majeure partie de l’intrigue centrale). L’un est-il le présent, et l’autre le passé ? L’un est-il la réalité, et l’autre le rêve ? Ermanno Olmi, spécialiste de la fresque historique contemplative et archi-documentée, ne donne pas vraiment de réponse. Soucieux d’offrir à son film un cachet original, comme en témoigne la construction narrative dense, il prend le parti du romanesque et de la poésie. Une jeune femme combat nue lors d’une représentation, une nuée de cerfs-volants inonde le cadre.





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- EN CHANTANT DERRIERE LES PARAVENTS se regarde comme se feuillette un beau livre d’images. Le sujet du film comme les moyens mis à la disposition du cinéaste pouvaient donner lieu à de spectaculaires batailles navales mais Olmi, fidèle à lui-même, a préféré la sérénité à la violence, la sobriété à l’académisme. Avec lui, même les coups de canons prennent une sonorité musicale. Voilà qui secoue agréablement dans le paysage actuel d’un cinéma trop peu enclin au voyage spirituel.


Gérard « bouboune » Varchetta





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Article écrit par Keitaro le Mardi 9 mai 2006 à 19h47

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