M
LE MAUDIT
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M LE MAUDIT (
1932 ~ 1h47)
Allemagne
Noir & Blanc ~ VOSTF
Réalisation: Fritz Lang
Acteurs: Otto Wernicke, Gustav Grundgens, Ellen
Widmann...
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Toute la presse ne parle que de
ça: le maniaque tueur d'enfants, qui terrorise la ville
depuis quelques temps, vient de faire une nouvelle
victime. Chargé de l'enquête, le commissaire Lohmann
multiplie les rafles dans les bas-fonds. Gênée par
toute cette agitation, la pègre décide de retrouver
elle-même le ciminel: elle charge les mendiants et les
clochards de surveiller chaque coin de rue...

Intêret historique :
* Le contexte socio-politique de l'époque est
très important car il définit l'oeuvre: chômage et
montée du nazisme, société en état de décomposition
avec la présence de meurtriers, de pauvres... Le meurtre
d'enfants et la psychose s'installe tandis que la police
qui se révèle impuissante voit la pègre prendre le
contrôle des opérations afin de trouver le coupable qui
se sent piégé.
Analyse filmique :
* La séquence du début du film présente
l'assassinat de Elsie, une petite fille qui rentre de
l'école. Le spectateur a accès à une alternance de
plans en discontinuité spatiale. On passe en effet de
l'attente de la mère dans son appartement qui prépare
le repas de midi (ce détail temporal est montré par
l'horloge) mais qui s'inquiète très vite du retard pris
par sa fille qui ne rentre pas à l'heure mais aussi en
même temps l' itinéraire de la petite Elsie où
apparaît une ombre qui semble être porteuse de malheur
à juste titre puisqu'en fait il s'agit de l'ombre du
meurtrier sans oublier les nombreux plans vides (chaise,
escalier, grenier ...). La présence du terrain vague et
du ballon signifient symboliquement la mort d'Elsie.
* Le meutrier n'est pas "vu" dans
cette première séquence. L'oeuvre débute par un écran
noir puis une ronde d'enfants qui chante une comptine qui
a pour thème le meurtrier. L'enfant sur qui tombe la fin
de la chanson est éliminé un peu comme s'il était
attrappé par le tueur. C'est la première évocation de
M le maudit. Le terme de "maudit" transparaît
déjà dans les paroles de la mère de famille qui
demande de ne plus chanter cette "maudite
chanson". Cependant la jeune fille poursuit son
chant évocateur d'un drame que l'on ne pourra pas
arrêter. Vient ensuite une ombre, menaçante par la
forme (avec un chapeau) et par la couleurs noire, puis
une voix off et l'ombre qui se penche sur la fillette. il
y a aussi le thème musical qui apparaît et qui va très
vite être son "thème". C'est lui qui le
fredonne, qui le siffle, on le voit de dos, il n'est
qu'une silhouette. Puis son évocation se termine avec le
ballon que tenait la fillette qui roule et se fige à
l'instar de la fillette qu'on sait décédée. De même,
le vendeur de ballons est aveugle et ne peux donc pas
voir le visage du meurtrier et ne peux pas deviner ce qui
va se passer.
* Enfin on peut voir une discontinuité dans
le rapport image-son : la voix de la mère en voix off
sur le plan de l'escalier vide. L'absence de musique
hormis quand M le maudit apparaît ainsi que le leitmotiv
lorsqu'il est présent avec son sifflement permettent de
mettre en évidence le drame qui se joue devant nos yeux.
Tout ceci contribue à rendre la scène encore plus
difficile à vivre pour le spectateur qui connaît déjà
ce qui va advenir de la petite fille. La mère assiste
impuissante au drame. Elle constate l'heure qui passe
(avec 1h20 de retard à la fin) Elle rentre dans
l'appartement vide, résignée, et le son de sa voix
semble se perdre au fil des images qui éloigne cette
mère de sa fille: l'escalier, le grenier et enfin le
terrain vague. L'image de cet escalier qui semble sans
fin est lourd de signification. enfin le ballon qui se
débat dans les fils du réseau téléphonique, qui
semble s'étrangler et qui s'envole suggère efficacement
la mort et la façon dont elle est morte.
* La misère sociale comme explication au
meurtre. Elle se remarque dès le début de l'histoire.
La cour où les enfants jouent est délabrée est vide de
tout décor. Cette misère se retrouve dans l'appartement
où les escaliers sont vides et gris, par la difficulté
de monter ces mêmes escaliers ou bien encore le décor
austère de la pièce de maison. Vie dure et pénible que
seule l'horloge indiquant midi parvient à faire
retrouver le sourire de la mère de famille qui sait que
sa fille doit bientôt revenir de l'école. Misère
sociale qui débouche sur cette violence du meurtrier
mais aussi sur le fait que la police soit inéfficace
pour le trouver et que ce soit aux mendiants de s'en
charger. Première tentative du destin pour nous avertir
du danger... la voiture qui klaxonne l'écolière, la
présence d'un policier qui ne s'inquiète pas de voir la
petite fille seule et qui ne fait que l'aider à
traverser et l'abandonne ensuite à son sort.
* Tout ceci contribue à rendre la scène
encore plus difficile à vivre pour le spectateur qui
connaît déjà ce qui va advenir de la petite fille. Le
meurtrier est sanctifié par les codes que le film nous
permet de retrouver sans jamais montrer le visage de
l'assassin.

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